Chaque année, l’hypertension artérielle est directement responsable du décès prématuré d’environ 10 millions de personnes de par le monde et constitue dès lors la cause principale des 17 millions de morts dus aux maladies cardiovasculaires. L’hypertension artérielle n’abrège pas seulement l’existence mais diminue également la qualité de vie des nombreux patients hypertendus qui sont victimes d’infarctus, d’accidents vasculaires cérébraux (thromboses ou hémorragies), d’insuffisance cardiaque et rénale.

Le 5 novembre 2015, l’INAMI a organisé une réunion de consensus consacrée à l’usage rationnel des médicaments en cas d’hypertension artérielle. Les experts présents ont souligné le fait que la mesure conventionnelle de la pression artérielle au cabinet médical n’est pas suffisante pour évaluer correctement le niveau tensionnel des patients et mis l’accent sur l’importance des différentes méthodes de mesure ambulatoire de la pression artérielle. La meilleure méthode est la mesure ambulatoire de 24h (MAPA). Celle-ci consiste à porter pendant un jour et une nuit un appareil automatique destiné à mesurer la tension artérielle à des intervalles prédéfinis. Lorsque cette technique de mesure ambulatoire n’est pas disponible, l’automesure tensionnelle à domicile constitue une alternative raisonnable.

En Belgique la mesure ambulatoire de la tension artérielle n’est pas remboursée. En conséquence, de nombreux patients sont traités sans nécessité par des médicaments antihypertenseurs, tandis que d’autres, atteints d’une entité appelé « hypertension masquée » (détectable lors de la mesure ambulatoire de pression artérielle mais pas au cabinet du médecin) ne reçoivent pas de traitement en dépit d’un risque de complications cardiovasculaires accru.

L’hypertension artérielle n’occasionne généralement pas de symptômes et, en l’absence de dépistage, les complications surviennent le plus souvent “comme un coup de tonnerre dans un ciel serein”, c’est pourquoi on appelle également l’hypertension “le tueur silencieux”.

L’usage rationnel des médicaments antihypertenseurs suppose un diagnostic correct de l’hypertension artérielle. C’est pourquoi le Comité Belge de Lutte contre l’Hypertension plaide depuis des années pour une plus grande accessibilité et dès lors un remboursement des mesures ambulatoires de la pression artérielle, y compris en médecine de première ligne. Le remboursement de la mesure ambulatoire de la pression artérielle permettrait d’utiliser de manière plus rationnelle les médicaments antihypertenseurs à notre disposition et de limiter les coûts en évitant des traitements inutiles ou inutilement lourds, ainsi qu’en prévenant les complications chez les patients atteints d’une hypertension artérielle masquée.